GEOGRAPHIE DE LA POPULATION :
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CHAPITRE I : LA CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE DE LA POPULATION MONDIALE :
I. Une croissance en dents de scie :
L’histoire démographique de la planète n’est absolument pas linéaire. En fait, elle est rythmée par la succession de phases de croissance, de très longues stagnations et des périodes de recul.
1. Les périodes anciennes de fortes croissance :
Il s’agit des deux grandes révolutions connues par l’humanité avant l’antiquité.
La première peut être située au mésolithique. Et résulte de progrès techniques notables ayant permis d’affiner les techniques de chasse et d’assurer les réserves alimentaires indispensables au développement d’une population en croissance sensible.
Très clairsemée à la surface de la planète au paléolithique avec des effectifs tournant autour de cent milles habitants, la population dépasse alors le cap des quatre millions à la fin du néolithique.
Après de longues millénaires de stagnations ou de faibles augmentations au grès des aléas climatiques, une seconde phase l'homme en passant du stade de prédateur, à celui de producteur, assurera sa survie grâce aux réserves alimentaires et la sédentarisation. L’humanité atteint les cents millions d’habitants
2. Une longue période de quasi-immobilisme :
Au cours des siècles qui suivent cette révolution néolithique la croissance de la population a continué mais plus lentement que l’ordre de 0,06 % l'an entre le début de l’ère chrétienne et le milieu du XVIII e siècle. Il s’agit d’une évolution mouvementée faisant alterner flux et reflux démographiques.
Les innovations techniques devant améliorer l’efficacité du travail dans l’agriculture ou l’artisanat où les transports restent très modestes.
Mais les défrichements médiévaux occasionnent à certains moments des conditions favorables au développement de la production agricole, à l’épanouissement des populations et à une augmentation très sensible de la population.
Cette période est aussi ponctuée par de grandes régressions :
invasions barbares sur le continent européen,
épidémies des V e et VI e siècles après Jésus Christ,
période de crises politiques ou économiques,
peste noire se doublant de famines qui occasionnent des chutes brutales et vertigineuses des effectifs.
En fait, une évolution en dent de scie, comme le montre les chiffres : 252 000 000 d’individus au début de l’ère chrétienne, 200 000 000 pendant les V e et VI e siècles, augmentation sensible par la suite grâce aux défrichements, 450 000 000 au début du XIV e siècle, 375 000 000 à la suite de la peste noire, augmentation régulière pendant l’époque moderne jusqu’à 500 000 000 d’habitants à l’approche de la révolution industrielle.
Mais à la fin de cette longue période, s’amorce en Europe une grande révolution démographique c’est-à-dire une période d’emballement de la croissance de la population plus connue sous le nom de transition démographique. Cette situation intermédiaire est en réalité favorisée par les prémisses de la révolution industrielle (émancipation, réorganisation, révolution...) :
Emancipation culturelle des populations européennes après la Renaissance.
Réorganisation d’Etats centralisés et puissants permettant de juguler les effets dévastateurs des guerres.
Essor agricole (révolution agricole) qui a permis de dégager de nouveaux surplus, de faire disparaître les famines et de rendre possible l’extension des activités secondaires et tertiaires.
Révolution scientifique qui a précédé et/ou accompagné la révolution industrielle faisant disparaître les grandes épidémies qui, périodiquement, décimaient les populations allongeant ainsi l’espérance de vie.
L’épopée des grandes découvertes (Boussole, l’imprimerie, la cartographie, la poudre, l’Amérique, etc…)
Accumulation de richesses commerciales (capitalisme primitive).
En fait, toutes ces modifications plongent l’Europe dans la révolution industrielle qui est aussi une révolution démographique du troisième genre (après celle du Paléolithique et celle du Néolithique)
3. L’accélération contemporaine
C’est seulement avec la révolution agricole et la révolution industrielle qui débute dans la seconde moitié du XVIII e siècle que l’Humanité connaît un véritable décollage démographique qui se prolonge par la suite progressivement sur l’ensemble de la terre. Grâce à sa suprématie technique et militaire et sa population, l’Europe va essaimer un peu partout ses techniques de lutte contre la mort ou de protections de la vie.
De 750 millions d’habitants en 1750, la population mondiale passe à 1 250 millions en 1850, période correspondant en gros à la première révolution industrielle.
Cette phase de décollage démographique avec un taux d’accroissement modéré de l’ordre de 0,5% l'an, va pousser Malthus à préconiser la suppression des mesures d’assistance qui encouragent la natalité chez les indigents. Une accélération s’amorce au début du XX e siècle, s’affirme au fil des années et touche les autres continents. La population mondiale atteint au milieu du siècle (1950) les 2,5 milliards d’âmes. L’importance des effectifs concernés et des rythmes de croissance compensent à l’échelle planétaire l’effet du ralentissement qui s’affirme déjà dans les pays développés.
Cependant, au cours de la décennie 70, un réel freinage de la croissance s’amorce, qui ne s’explique que par la chute de la fécondité dans la plupart du tiers-monde et notamment en Chine, un recul consécutif lié aux changements de comportements des couples qui réduisent la taille de leurs familles face à la baisse de la mortalité néonatale (moins d’un mois), post néonatale (avant 1 an), infantile (1 à 5 ans), et infanto-juvénile (jusqu’à 15 ans) et / ou à l’amélioration du niveau de vie.
Aujourd’hui, la population mondiale connaît un rythme de progression de 1,1 % par an contre 1,3 % dans les années 1992, niveau nettement plus faible que celui atteint dans les années 1970-75, au maximum de la croissance soit 2,31 % par an en moyenne. Les projections prévoient ainsi moins de 9 milliards d’habitants sur terre au milieu du siècle, entre 11 milliards et 12 milliards en 2100.
Le fléchissement va se poursuivre car le modèle occidental de la famille réduite se diffuse peu à peu dans le tiers-monde. L’évolution de la population mondiale va donc prendre selon toute probabilité la forme d’un « S » couché.
II. La diversité des dynamiques démographiques :
La croissance démographique mondiale se caractérise par une hétérogénéité. Les écarts inter continentaux sont particulièrement saisissants et laissent apparaître deux grandes espaces :
a. Les zones de forte croissance numérique
Avec cependant des sous- ensembles :
L’Asie méridionale (Sud) avec surtout le subcontinent Indien, enregistre les plus forts gains de populations. Cet ensemble a engrangé entre 1999 et 2003 les 1/3 de la croissance mondiale avec 106 millions d’individus. Si on ajoute à cette zone la Chine, on arrive à un grand pôle démographique tant par les densités que par les effectifs dégagés par la croissance démographique.
L’Afrique, surtout l’Afrique intertropicale, constitue le second ensemble de forte croissance avec des niveaux moins spectaculaires que le pôle asiatique, mais tout de même importants avec 20 % du total mondial. Malgré des densités encore timides, elle demeure une zone de forte progression démographique et risque sous peu de modifier la configuration actuelle du peuplement terrestre.
b. A côté de ces géants, apparaissent des espaces de faible croissance concernant surtout l’Europe Occidentale avec une croissance faible, voire négative : (Allemagne, Russie,…)
Sa population recule de 0,5 millions d’individus entre 1999 et 2003 et le recul s’intensifie de nos jours. On peut ajouter à cette catégorie, la partie méridionale de l’Amérique latine notamment l’Argentine et le Brésil, l’Europe de l’Est et quelques cas isolés comme le Mozambique et le- Lesotho.
Entre ces deux cas extrêmes s’intercalent des pays à croissances démographiques modérées comme les USA, le Proche Orient et la partie Septentrionale (Nord) de l’Amérique du Sud.
CHAPITRE II LA SITUATION DEMOGRAPHIQUE DANS LE MONDE
Le monde présente diverses situations démographiques qu’on a tenté d’expliquer avec le modèle de la transition démographique. Cette diversité s’exprime aussi dans la structure par âge opposant les pays pauvres avec les populations jeunes, et les pays riches au vieillissement marqué.
I. La transition démographique :
L’examen des changements intervenus dans la natalité et la mortalité des populations individualisées au XIXe siècle et au XXe siècle a conduit des démographes anglo-saxons à formuler une théorie de l’évolution démographique connue sous le nom de transition démographique dont le succès doit surtout à son universalité, même s’il est aisé de constater une chronologie et une intensité différente d’un pays à l’autre. Le modèle est décrit par un graphique dans lequel s’observe plusieurs périodes
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1. Le régime démographique pré-transitionnel :
Cette situation ancienne se caractérise par des taux très élevés de mortalité et de natalité.
Les taux bruts de mortalité peuvent atteindre 35‰ à cause des médiocrités des conditions de vie de la population (des épidémies très meurtrières tous les 15-20 ans, des disettes tous les 30 ans, et fréquemment des troubles politiques et des guerres, en plus des aléas climatiques avec les sécheresses et de fortes inondations).
La natalité est tout aussi élevée 38‰ à cause de l’ignorance des méthodes contraceptives (fécondité naturelle et surtout la nécessité d’assurer une descendance).
Dans ces conditions, les populations augmentent peu (TAN : 3%).
2. La transition proprement dite :
C’est la période des changements, deux phases voire trois peuvent être différenciées :
Dans la première phase ou début de transition, commence une érosion progressive de la mortalité du fait de l’amélioration des conditions de vie des populations (amélioration des conditions sanitaires, développement de l’hygiène publique et privé, l’amélioration de la production et de la productivité). La natalité par contre ne s’infléchit pas. La croissance de la population commence (T.A.N. : 2,3%).
Dans la deuxième phase ou milieu de transition : baisse de plus en plus de la mortalité, timide baisse de la natalité, la croissance de la population est ainsi très forte (TAN : 3,2%, un TN de l’ordre 41‰ et un TM de 9‰). Dans les pays concernés, l’instruction chez les femmes commence à se répandre. L’économie est plus diversifiée et l’amélioration des conditions d’encadrement social des populations et le développement des techniques médicales accompagnent ces évolutions.
Lors de la troisième phase ou fin de transition : la mortalité est devenue basse, elle décline maintenant avec plus de lenteur. En revanche, l’érosion de la natalité s’amplifie, débute alors une décélération progressive de la croissance démographique. Les pays concernés généralement émergents, connaissent une économie assez bien évoluée et en grande partie industrielle, une urbanisation galopante, un taux d’urbanisation supérieur à 75 %, un taux d’analphabétisme des adultes assez bas autour de 10 %.
3. La situation évoluée :
Le régime démographique post-transitionnel se caractérise par des taux faibles de natalité (11‰) du fait d’une large diffusion des méthodes contraceptives, et de mortalité (10‰), grâce à l’éradication de la plupart des maladies infectieuses. L’accroissement naturel est ainsi très faible autour de 0,1 %, comme dans l’ancien régime et la croissance « 0 » (Déjà atteinte dans beaucoup de pays).
Les trois grandes phases peuvent être ainsi résumées :
Une croissance stationnaire ancienne (naturelle)
La transition démographique
Une phase d’expansion initiale
Une phase d’expansion maximale
Une phase d’expansion finale.
La phase stationnaire moderne (artificielle).
On peut d’autre part, en mettant l’accent sur l’ancienneté et la
durée, isoler trois formes de transition démographique (longue, exportée et courte et inachevée.)
a. La transition longue (dans les pays européens) :
Précoce, elle a duré entre Un siècle et demi. Ces pays qui ont leur stade post-transitionnel au milieu des années 60, n’arrivent plus à renouveler leurs générations (2,9 taux de renouvellement)
b. Les transitions exportées :
Les pays concernés sont : les pays neufs, c’est-à-dire les pays de l’Océanie (Nouvelle Zélande, Australie, …) qui ont importé d’importants flux migratoires européens. Débutant dans ces pays au milieu du XIX e siècle, la transition démographique y a duré entre 60 et 80 ans.
c. Les transitions courtes et inachevées :
Elles concernent dans la plupart des cas, les pays du tiers-monde et s’effectuent entre 40 et 50 ans. Cette brièveté s’accompagne d’une croissance démographique excessive.
Conclusion : Ces variations spatiales des formes de la transition démographique permettent de mieux comprendre la diversité des structures démographiques dans le monde.
II. Les problèmes de structure par âge :
L’examen de la structure par âge permet d’opposer les pays à populations vieillies n’assurant plus le renouvellement des générations aux pays jeunes à l’extraordinaire potentiel démographique. Le degré d’avancement dans la transition démographique permet d’expliquer une telle opposition.
1. La jeunesse de la population :
Les pays qui sont confrontés à la jeunesse de leurs populations ont une pyramide en tour Eiffel ou en parasol, ou de forme triangulaire avec une base large et un redressement progressif vers le sommet. Un fort pourcentage de jeunes résulte soit d’une fécondité assez soutenue (au cours des 15 dernières années), soit d’une substantielle immigration de jeunes adultes prolifiques, soit aussi d’une faible mortalité des tranches d’âge allant de 1 à 40 ans.
Les jeunes sont nombreux dans les pays à économie rurale où ne posent pas le problème de la scolarité prolongée ou celui des charges sociales assez élevées imposées par les jeunes. Un autre groupe rassemble les pays neufs en plein développement économique qui peuvent encore accueillir à la fois des immigrants et des naissances nombreuses. La jeunesse démographique pose un certain nombre de problèmes d’ordre démographique et économique.
Les pays jeunes et surpeuplés constituent le plus souvent un potentiel d’émigration au moment où les pays récepteurs se barricadent.
Sur le plan économique, les conséquences sont encore plus délicates surtout dans le cadre d’une nation surpeuplée et de surcroit sous développé : problèmes de l’éducation, et surtout des charges. Les charges sociales pour les familles (entretien des enfants), et pour la collectivité (scolarisation, santé, logement, …) sont gonflées au point de gêner l’épargne, de freiner l’investissement et de maintenir le niveau de vie moyen très bas. Entre autres problèmes touchant les pays jeunes : l’emploi, l’importance de la population à charge (les moins de 15 ans et les plus de 60 ans), le grossissement du prolétariat, l’insécurité,….
Faut-il pour autant incriminer la croissance démographique et la rendre responsable du sous-développement ? En réalité, ce n’est pas la forte croissance qui est à la source du sous-développement, mais l’organisation générale de la société, les erreurs dans les priorités etc…. En d’autres termes, l’explosion démographique n’est que le premier obstacle au développement.
2. Le vieillissement démographique :
La pyramide est en ogive ou en urne. Le vieillissement d’une population résulte essentiellement de la baisse de la fécondité (« croître ou vieillir » comme dit Alfred Sauvy) qui peut s’expliquer par le coût de l’enfant, la recherche du bien-être, l’urbanisation, le statut de l’enfant qui passe de la situation de bien d’investissement à celle de bien d’équipement. A un pays disposant d’un fort contingent de vieux (entre 11 et 15 % de plus de 64 ans contre 17 % des jeunes) se pose toute une série de problèmes. Le vieillissement provoque à longue échéances, une diminution de la tranche d’âge des jeunes adultes (20 – 40 ans) donc du potentiel humain le plus actif et une augmentation du pourcentage de la main d’œuvre productrice d’où l’abaissement du moyen individuel. Il en résulte une augmentation de la fiscalité car la population active supportera longtemps la double charge provenant de l’augmentation simultanée de la part des vieux et de celle des jeunes. Les conséquences politiques sont tout aussi fortes. La structure par âge du corps électoral incite les hommes politiques à conduire une politique sénile, le dynamisme économique s’en ressent plus que les sommes allouées à l’action sociale sont perdues pour l’investissement.
On mesure à travers ces quelques conséquences la gravité du phénomène du vieillissement démographique dont la solution réside dans l’accroissement de la natalité. Cependant, il reste à noter que la reprise de la natalité ne fait pas disparaitre immédiatement le vieillissement dont les effets se poursuivront encore longtemps. La reprise de la natalité est donc un remède à longues échéances.
III. Les politiques de population :
Leur objectif est la modification des pratiques constatées dans les pays à population vieillie ou jeune.
Dans les pays à population vieillie, les politiques visent à stimuler la natalité pour éviter un vieillissement excessif (« croître ou vieillir » SAUVY). En dépit d’une foule de mesures diverses (financières, fiscales, sociales) les couples très attachées à leurs niveaux de vie ne sont nullement incitées à augmenter le nombre de leurs enfants.
D’autre part, la reprise de la natalité ne fait pas disparaître immédiatement le vieillissement. Dans le tiers-monde menacé de surpopulation, les politiques visent à freiner le rythme d’accroissement de la population (espacement des naissances, légalisation de l’avortement dans certains pays, stérilisation des femmes,…). Ces pays ont cependant accumulé dans leur structure par âge de tel potentiel d’accroissement qu’on ne peut s’attendre à les voir croître à un rythme lent (entre 1 et 1,5 % par an) avant très longtemps. Pour l’heure, la valeur accordée à nombreuse descendance dans le cadre d’une économie agricole, les considérations religieuses, les coutumes, la faible instruction notamment des femmes, l’insuffisance des services médicaux peuvent écarter tout intérêt individuel pour une quelconque maîtrise de la fécondité.
Parallèlement, aux programmes de limitation des naissances, il convient de définir des politiques visant à promouvoir le développement économique, social et culturel, globalement nécessaires à l’émancipation des Hommes. Sans cela, toutes les initiatives menées dans le sens de faire baisser la fécondité sont vouées à l’échec. En définitive, une politique a d’autant plus de chances de succès qu’elle accompagne, conforte et amplifie une évolution en cours. Cela est valable aussi bien pour les pays riches que pour les pays pauvres.
CHAPITRE III : LA DISTIBUTION SPATIALE DE LA POPULATION :
Pour représenter la distribution spatiale de la population, la géographie a toujours utilisé le concept de densité (habitants au km²). Pourtant, en dépit de sa commodité pratique, le concept de densité n’a qu’une portée limitée en géographie car il confère à des ensembles souvent très disparates, une apparente homogénéité qui cache des discontinuités et les contrastes de l’occupation de l’espace. Or, ces distorsions que la densité marque par son silence constituent les traits géographiques majeurs de la distribution de la population mondiale.
I. Les inégalités de la répartition de la population mondiale :
La distribution spatiale de la population est extrêmement inégale. Le fait le plus marquant est l’inégalité des hémisphères.
L’hémisphère Australe reste faiblement occupé puisqu’il ne supporte qu’à peine 10 % de la population mondiale. Dans cette partie de la terre, pour diverses raisons, de vastes espaces restent très peu pénétrées par l’homme : Le Bassin Amazonien, les Angles méridionales, la Cuvette congolaise, le Kalahari (en RSA),… . Ils s’y ajoutent les territoires continentaux qui occupent de faibles espaces face à l’immensité des masses océaniques. Les rares taches de populations s’expliquent par des faits exceptionnels : richesses minières, concentrations urbaines, les deux souvent liées et sont localisées dans les hauts plateaux andins, dans les îles du pacifiques et de l’Indien.
L’hémisphère Boréal (Septentrionale, Nord) est par contre le domaine des fortes agglutinations avec 90% de la population mondiale. Cependant, il se singularise par de fortes distorsions. En effet, 75% de sa population se concentrent sur le continent Eurasiatique qui supporte ainsi 3 des 4 grands foyers de la population à savoir :
➢ Le foyer de l’extrême orient (le monde chinois, le Japon, les deux (02) forêts : 1,7 Milliards d’habitants ; c’est la plus forte emprise humaine sur terre avec des densités rurales pouvant atteindre ou dépasser les 1 000 habitants au km².
➢ Le foyer du sous-continent Indien, riche de 1,8 Milliards d’hommes (densités rurales variant entre 300 et 400 habitants au km²).
➢ Le foyer Européen (hors Russie) : Europe occidentale et Centrale. C’est une bande de peuplement dense, mais bien modeste à côté des grands foyers Asiatique. Elle regroupe 8,2 % de la population mondiale, sur un minuscule territoire de 5 Millions de km² s’agglutinent tout de même près de 600 Millions d’âmes. Cependant, quelques disparités y sont notées car aux fortes charges humaines dans les péninsules (grande presqu’île) méditerranéennes: la péninsule Ibérique, la Grèce s’opposent la dépression démographique de la péninsule scandinave et l’Islande (densité inférieures à 2%).
➢ Le 4ème foyer se trouve coincé entre les grands lacs et l’estuaire du St. Laurent. Les foules qu’ils abritent se concentrent dans des régions de traditions urbaines et (…) : C’est la grande mégalopolis Nord Orientale Américaine qui va de Boston à Washington.
Ces quatre (04) principales aires de fortes concentrations regroupent plus de la moitié de l’humanité. La concentration est encore plus forte si l’on ajoute les foyers secondaires beaucoup plus modestes dans leurs extensions géographiques et dans les effectifs mobilisés que les grands foyers.
✓ L’Afrique au Sud du Sahara est l’une des régions les moins densément occupées du monde. Les vastes solitudes sont les traits marquant de l’occupation humaine. Les rares bassins de forts peuplements se localisent dans les régions littorales dans le golfe de Guinée. Dans ces régions littorales, les densités n’excèdent (dépassent) guère 50 habitants au km². Partout ailleurs, se rencontrent des régions particulièrement déprimées (assez vides) où les densités tombent facilement à quelques unités.
✓ Entre autres foyers secondaires on a : le Sud-Est Brésilien, le Maghreb, la région des grands lacs (Rwanda, …), le Bassin du tigre de l’Euphrate,... .
A tous ces foyers de peuplement s’opposent de véritables déserts humains occupant le ¼ de superficies émergées qui ne regroupent qu’à peine 2% des terriens (hbts de la terre).
Si la description de la répartition de la population constitue une tâche assez simple, son explication l’est moins et il arrive qu’elle soit vraiment ardue (difficile).
L’examen de la distribution spatiale de la population conduit le géographe à convoquer une multitude de facteurs interdépendants témoignant de l’histoire des hommes, de leur choix économique et des obstacles rencontrés dans leur conquête de l’espace.
II. Les facteurs de la répartition de la population :
1. Les facteurs physiques qui jouent un rôle de première importance dans l’occupation de l’espace :
En règle générale, les dépressions démographiques correspondent aux milieux plus ou moins coercitifs à l’exemple des espaces englacés comme l’antarctique et le Groenland. A l’opposé, le peuplement privilégie les zones où les conditions naturelles sont clémentes et le niveau de développement plus élevé. D’une manière générale, ce sont les rigueurs du climat qui expliquent essentiellement les vides démographiques.
Le froid et la Chaleur sont les principaux facteurs inhibiteurs responsables de l’immigration les plus strictes dans ces déserts froids ou chauds où l’expansion de la vie humaine est une possibilité strictement liée aux progrès techniques (cultures sous serre).
Dans certaines régions intertropicales très pluvieuses, les ennemies à la présence de l’homme sont multiples et redoutables. Si les possibilités de l’adaptation à un tel milieu sont complexes, elles sont loin d’être insurmontables. L’Asie tropicale située dans cette zone, apparaît comme une anomalie et porte des foules nombreuses grâce à des techniques appropriées. La topographie introduit une autre géographie des densités.
En règle générale, les plaines, du fait de leur facilité d’accès sont plus attractives que les montagnes où la pente est souvent un obstacle à la mise en valeur des terres. Toutefois, la montagne a, dans beaucoup de cartes guidé l’implantation des hommes notamment quand ils chassés de chez eux à l’exemple des berbères dans l’Atlas marocain. Par ailleurs, dans les régions équatoriales, le relief est pour le climat un excellent correctif dans les régions tempérées lorsque les plaines sont infectées par des maladies comme la malaria, la montagne est alors peuplée, car considérée comme un milieu plus sain. Enfin dans les déserts, ce sont des montagnes qui reçoivent les rares précipitations comme dans le massif du Hoggar. A une autre échelle, les littoraux et les cours d’eaux s’entre aident de bons éléments d’explication de la répartition humaine. Les très fortes agglutinations le long des organismes fluviaux comme le Gange, le Yangzi Jiang, ou le Nil ne s’expliquent que par des innombrables possibilités comme la présence de l’eau.
L’environnement physique affecte ainsi la répartition des populations. Il convient néanmoins de reconnaître que la géographie physique n’a qu’une faible incidence sur la géographie des densités, car au déterminisme du milieu naturel s’oppose le possibilisme de l’être humain.
2. Les facteurs économiques :
Les grandes régions d’activités économiques coïncident très souvent à des bassins densément peuplés. Ces fortes densités concernent avant tout les grandes régions à fort potentiel nutritif qui ont permis depuis longtemps la pratique de l’agriculture comme dans les grandes plaines de l’Asie du Sud et de l’Est. Ici, puisque la seule fertilité des sols et la maîtrise de l’eau se combinent à des méthodes agricoles savantes efficaces qui ont eu un impact considérable sur la densification du peuplement. L’agglutination concerne aussi la région urbaine c’est-à-dire un enchaînement de villes couvrant sans discontinuité de vastes espaces.
Les aires de fortes concentrations sont localisées aussi dans les grandes régions industrielles comme celles engendrées par la révolution industrielle au XVIIIème siècle en Europe. Les facteurs techniques et socio-économiques permettent ainsi de comprendre le peuplement mondial contemporain. Cependant, le chercheur qui ne met en exergue que les seuls facteurs naturels et/ ou socio économique ne trouvera pas de loi fondamentale qui ne soit pas remise en question par des exceptions plus ou moins nombreuses. Pour mieux comprendre les fondements de la distribution spatiale de la population, il est aussi primordial d’interroger le passé.
3. Les facteurs historiques :
La formation des densités peut s’expliquer par diverses raisons historiques.
➢ Tout d’abord, l’influence de l’ancienneté du peuplement. Les surcharges démographiques en milieu rural constatées au moyen orient, en Asie du Sud-Est, en Europe et en Amérique Andine et leurs contrées dans lesquels l’implantation humaine date de plusieurs milliers d’années, s’expliquent en partie par l’ancienneté du peuplement. Le maintien d’un habitat permanent et l’application de méthodes agricoles savantes ont permis à ces peuples anciennement enracinés de se rendre maîtres de leur milieu, créant les conditions optimales pour la mise en place de processus cumulatifs de l’émergence de fortes accumulations humaines.
➢ L’influence des migrations de populations est un autre facteur explicatif des densités. Dès l’origine, l’œil humain s’est agrandi du fait des migrations plus ou moins amples. A partir du XVIème siècle, la colonisation de l’Amérique par les européens entraîna de nombreux foyers de peuplement. En Amérique Latine, l’immigration contribue pour près de ⅔ à la formation de la population, mais entraîna aussi la disparition des populations précolombiennes et le dépeuplement en masse des côtes africaines en raison de la traite. Aujourd’hui, l’intensité des migrations définitives des campagnes vers les villes a complètement transformé la géographie des densités alors qu’elle s’achève dans les pays industrialisés, la mobilité géographique des hommes s’exaspère dans les pays en voie de développement en rapport avec les effets désastreux d’une crise rurale et contribue au dépeuplement des campagnes et par ricochet au peuplement des centres urbains qui, pour certains sont au bord de l’asphyxie.
➢ L’exploitation coloniale s’est accompagnée en Afrique d’une organisation de l’espace ayant pour pôles les villes qui ont été créées de toutes pièces le plus souvent le long du littoral où au débouché voire sur le cours (le long) des grands organismes fluviaux.
➢ Au Sénégal, la mise en valeur coloniale en prenant pied sur le littoral a nettement favorisé la partie « centratlantique ». L’organisation de l’activité économique basée sur la spécialisation dans la culture de l’arachide a favorisé les villes de contact au détriment des régions périphériques éloignées au peuplement lâches en définitive léthargiques.
De ce fait, ces villes ont évolué pour la plupart comme des îlots où se concentrent les activités économiques et les équipements sociaux (écoles, hôpitaux,…) devenant ainsi des pôles de concentration de populations. La mise en valeur coloniale a ainsi entraîné les déséquilibres démo-économiques entre les parties littorales aux fortes accumulations humaines et les enclaves de l’intérieur aux densités ténues (faibles).
CONCLUSION :
La carte de la distribution spatiale de la population mondiale révèle d’importantes variations dans le niveau de concentration démographique. La lecture des différents ensembles continentaux montre sans équivoque des centres et des périphéries démographiques qu’on tente souvent d’expliquer par myopie intellectuelle par des facteurs naturels. La réalité est nettement plus complexe et la diversité des éléments explicatifs se révèlent indispensables. La configuration du peuplement mondial est à la fois le résultat d’un processus social et la conséquence de déterminants naturels.
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